Où en Est La Fraude?
En même temps, ou presque, qu’en France, une récente étude menée sous l’égide du projet Sentinel, dont la FTC est partie prenante, vient de présenter l’état des plaintes qui sont déposées auprès de leur organisme. En effet, alors que certaines projections, particulièrement de hausse de la fraude, m’apparaissent parfois quelque peu fantaisistes, et motivées parfois par un discours de la peur commercialement rentable, ces données incluses dans ce rapport s’intitulant «Consumer Fraud and Identity Theft Complaint Data – January – December 2006 » sont pour le moins tangibles. Certes, plus de plaintes ne veut pas dire plus de fraude, mais tout de même, c’est intéressant.
Parmi les éléments d’intérêt qu’il est possible d’y lire, il y a d’abord le fait que plus de 670 0000 consommateurs se sont plaint, et ce, pour un montant total de 1.1 milliard de dommages (page 2). Ce nombre de plainte est très légèrement en baisse par rapport à 2005 et légèrement en hausse comparé à 2004 (page 4); chiffres d’ailleurs corroborés par une étude d’il y a un an sous l’égide du BBB sous un titre évocateur «New Research Shows Identity Fraud Growth Is Contained and Consumers Have More Control Than They Think». Un discours que l’on entend que peu face à la tendance dominante pliant volontiers au catastrophisme.
En revanche, le montant des argents perdus est beaucoup plus élevé que les années précédentes, soit 1,1 milliard plutôt que 683 millions en 2005 et 568 millions en 2004.
Le vol d’identité est assurément le fléau numéro 1 (36% des plaintes), et ce, de très loin. Un fléau grave avec lequel on est pris pour un certain temps encore.
Il n’en demeure pas moins que les dommages semblent tourner au-dessus de 50 milliards tout de même (selon une étude du FTC Page 13 on peut en effet lire: «The FTC has estimated the cost of all forms of identity theft in 2002 at $47.6 billion to businesses and financial institutions, and $5.0 billion to consumer victims.» suivi sur ce point par celle de BBB), en grande partie à la charge des entreprises, et ce, même si 1) ce montant plafonne et 2) si l’on est en droit de penser que ce montant comprend sans doute des argents dépensés non seulement en perte mais également pour se prémunir de ce fléau.
Je ne peux m’empêcher d’ajouter qu’Internet est pour une infime partie responsable de ces problèmes, dans la mesure où, toujours selon l’étude du BBB, il n’y serait impliqué que dans 9% des cas.
«Misperception #3: “Internet use increases the risks of identity fraud“: * Data compromise through the Internet is statistically unchanged from last year (11% to 9% today). * Internet use can lead to lower damages from identity fraud. Electronic account monitoring is the fastest way to detect fraud and leads to lower losses – (22 days and $3,806).»
Je l’ajoute d’autant plus volontiers que certains doutent de ces chiffres; doutent sans justifier grand chose d’ailleurs. C’est le cas d’une toute récente étude de McAfee, intéressante au demeurant, s’intitulant «White Paper – Identity Theft» de François Paget; propos repris d’ailleurs sur le site de l’ISIQ presque mot à mot dans les termes suivants:
«Les usurpations reliées à l’usage d’Internet représenteraient environ 10 % de ces sommes. Cependant, ce pourcentage apparaît très bas à la lumière des résultats de plusieurs études réalisées sur l’hameçonnage et des données de l’Anti-Phishing Working Group.»
Ceci me rappelle le débat avec Michel Leblanc il y a quelques mois…
Le présent billet a également été publié sur le blogue de la Chaire UDM en droit de la sécurité et des affaires électroniques.
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