Column

L’éducation Citoyenne, L’affaire de Tous ?!? / Citizenship Education: Everyone’s Business?

[ français / English ]

Trop de gens se désolent du manque de conscience citoyenne de certains de nos jeunes, du manque d’implication de nos concitoyens dans les affaires publiques, de la lassitude et de l’incompréhension généralisée face au fonctionnement de nos institutions. Il me semble que nous faisons face à un problème croissant de citoyens qui ne comprennent pas notre système et son fonctionnement.

Cependant, et trop souvent dans le travail que nous faisons chez Éducaloi, certains membres du public voient d’un mauvais œil que nous recevons des fonds des gouvernements dans notre travail… Comme si le fait que les gouvernements soient des partenaires rendait moins crédible l’information que nous donnons ! J’ai toujours eu de la misère à comprendre ça. Est-ce de la méfiance envers nos gouvernements ? Est-ce que les citoyens voient l’information que nous voulons neutre et sans biais comme étant de moindre qualité parce que nous sommes associés aux gouvernements qui nous subventionnent ?

Si c’est vraiment ça la réponse, c’est un bien triste constat sur l’état de notre société. En effet, les gens peuvent être méfiants des personnes qui les dirigent, c’est presque dans la nature humaine. C’est bien là, malheureusement, pourquoi les politiciens ont souvent très mauvaise presse. Cependant, on voit une dégradation du respect des citoyens envers la classe politique et cela se reflète de plus en plus sur tout l’appareil gouvernemental.

Je me demande si une meilleure compréhension du fonctionnement de nos institutions, des rôles de chacun, des limites des pouvoirs des politiciens, du rôle des « chiens de garde » en place n’aideraient pas à diminuer cette tendance. Beaucoup d’institutions internationales reconnaissent notre fonction publique comme étant parmi les moins corrompues de la planète. Pourtant, les citoyens semblent en avoir une toute autre image.

Je crois qu’il faudrait prioriser l’éducation citoyenne si on veut redonner un sens au terme « démocratie » dans notre société. En effet, comment les citoyens peuvent ils bien juger des agissements des politiciens et de la fonction publique s’ils ne comprennent pas bien leurs rôles et fonctionnement. Il est essentiel à une société démocratique en santé que les citoyens exerce leur votre en connaissance de cause.

Vous allez dire que je prêche pour ma paroisse (expression québécoise désuète mais qui fait image)… En réponse, je vous dirais que les organismes d’éducation et d’information juridique ne pourront jamais faire l’éducation citoyenne de tous sans l’aide des gouvernements, des commissions scolaires, des parents et des intervenants du milieu de la justice. Là où nous pouvons aider, cependant, est dans la prise de leadership. Si chacun, dans nos provinces, nous agissons comme dans concentrateurs d’efforts de tous ces intervenants, nous aurons déjà fait un grand bout.

Un exemple au Canada dans ce sens est le Réseau ontarien d’éducation juridique (OJEN en anglais). OJEN est un organisme dédié à l’éducation juridique qui, par ses programmes, mobilise des centaines de bénévoles à chaque année (parmi lesquels on retrouve juges, avocats, personnel judiciaire et enseignants.) Les jeunes font des activités dans leur école, seul à la maison et même, au palais de justice!

Au Québec, Éducaloi va offrir, à compter de cet automne, les « Ateliers de la justice ». Ces ateliers seront une série de conférences dans les écoles qu’iront faire des bénévoles (avocats, juges, notaires et autres acteurs du milieu de la justice) à partir d’un curriculum développé par Éducaloi. Éducaloi s’occupe de toute la logistique et est en grande période de recrutement de bénévoles et d’écoles intéressées à les recevoir.

Ce sont des premiers pas qui visent à pallier à notre système d’éducation qui ne voit pas, semble-t-il, comme une priorité l’éducation juridique et citoyenne de ses jeunes. Il faudra que la société se mobilise dans ce sens avant que le cynisme et l’incompréhension viennent totalement paralyser notre système, que les citoyens s’en désintéressent totalement ou que plus personne décide de se présenter aux élections ou, même, d’y voter…

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There’s a lot of hand-wringing happening these days. The worriers think that young people have withdrawn from civic life, that citizens are indifferent to public affairs, and that no one understands or cares about our institutions.

There does seem to be some truth in this. A growing group of people don’t know how our key democratic institutions work.

And yet, those of use trying to educate our fellow citizens are taken to task for accepting public money to do this work.

We’ve heard the criticism more than once at Éducaloi: partnering with governments taints the information we deliver, making it biased and less credible. I’ve always had a hard time swallowing that argument. 

Is scepticism about governments and politicians driving the criticism? If so, it reflects a sad state of affairs.

Putting down politicians has become a knee-jerk reaction, especially among the media. But the lack of respect has spread to the whole government apparatus.

Would a better grasp of basic concepts – the checks and balances inherent in our governments, the limits on the powers of politicians – beat back the cynicism?

The integrity of the civil service in Canada is internationally recognized. Our fellow citizens seem to have lost sight of this. 

To restore some lustre to our institutions, citizenship education needs to become a priority. To exercise their rightful role as watchdogs of government, Canadians need to understand who and what they are watching.

Think I’m preaching to the converted? You agree that legal education and information groups won’t make any headway unless other players – schools, parents, the justice sector – get on board?

Instead of waiting for other people to come around, those of us doing citizenship education need to get out in front and be the driving force in each of our provinces.

A group called OJEN (Ontario Justice Education Network) is one of these leaders. It’s a legal education organization that mobilizes an army of volunteers each year. Judges, lawyers, justice personnel and teachers get young people learning about the law and democracy in schools, alone at home and even in courthouses.

In Quebec, Éducaloi is kicking off a new legal workshops project in schools. Volunteer professionals will be in classrooms to engage students in discussions about the law based on a curriculum developed by us. Éducaloi handles the logistics and recruits schools and volunteers.

Right now, legal and citizenship education is not a top priority in the school system. The initiatives of OJEN and Éducaloi are a step toward filling that gap.

We all need to get a move on before cynicism paralyzes our essential institutions, citizens withdraw totally, and no one bothers to run for elected office, or even vote.

 

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